Dans le cadre du festival Normandie Impressionniste, l’espace musée de Condé-sur-Noireau explore le thème du paysage dans l’oeuvre de Charles Léandre.
Ainsi l’exposition présentée s’appuie d’abord sur la collection propre au musée mais elle fait aussi largement appel aux collections publiques et privées, notamment aux amateurs éclairés, adhérents de l’association « Les Amis de Charles Léandre »
“C’est toujours un réel bonheur de les présenter car jamais ou peu accessibles au grand public” souligne Pascal Allizard, Vice-Président du Conseil Général du Calvados et Maire de Condé-sur-Noireau.
Eric Lefèvre, expert et commissaire de l’exposition, précise ainsi le propos de ce rendez-vous :
Bien sûr, Léandre fut le maître des humoristes de son temps, « le Jordaens de la caricature » affirmait Guillaume Apollinaire. Mais Léandre fut aussi un peintre et un beau peintre, un des meilleurs portraitistes de la Belle Epoque et un vrai paysagiste. Inspiré par sa campagne normande, ce Montmartrois d’adoption qui fréquenta sur la butte tous les peintres de son époque n’est pas insensible à la manière de peindre autrement, osée par certains. On retrouve ainsi dans les scènes de genre et les paysages de Léandre, qui fut un grand coloriste, une manière qu’on peut sans mal qualifier d’ « impressionniste ». Ainsi suggère-t-il plus souvent qu’il ne détaille. Quant aux petites pochades traitées à la manière de l’esquisse qu’il peint, nombreuses, à la fin de sa vie autour de son Champsecret natal, elles illustrent parfaitement le propos de cette exposition.
Si les adeptes de Charles Léandre seront ravis d’approfondir un aspect peut être moins connu de sa foisonnante production, les amoureux de l’impressionnisme, au-delà de cette exposition temporaire, découvriront l’œuvre d’un formidable artiste et se laisseront convaincre par ses multiples talents, sa maîtrise des techniques alliée à un regard tendre et pétillant.
Vernissage de l’exposition le samedi 19 juin à 17 h en présence d’Eric Lefèvre, commissaire de l’exposition et avec l’aimable participation de Christophe Jourdain au piano.
Les rendez-vous de l’exposition :
Tout l’été sera ponctué d’animations :
Le mercredi 30 juin à 14h30 – accès libre
Dans le cadre du programme municipal des activacances : les mardis 13 et 27 juillet et 3 et 24 août à 14h30
Les visites du dimanche en famille : les 18 juillet et 22 août à 15h30 – accès libre
Les Journées Européennes du Patrimoine
Le samedi 18 septembre à 14h30, l’espace musée propose une rencontre avec Benoît Noël, conférencier, sur le thème “Charles Léandre, artiste impressionniste ?”
Le dimanche 19 septembre 2010 à 15h30 : découverte en famille de l’exposition, “les tableaux racontent une histoire”
Accès libre
Conférence du samedi 18 septembre à 14h30 présentée par Benoît Noël :
Charles Léandre, impressionniste ? Être ou ne pas être impressionniste, telle est la question. Toutefois, l’impressionnisme ne finit-il pas par être l’arbre qui cache la forêt d’une constellation d’artistes différents ? Cela implique-t-il de n’être pas moderne ? L’œuvre multiple de Charles Léandre, peintre, pastelliste, dessinateur, lithographe et sculpteur dépasse ces classifications simplistes.
De souche normande (Champsecret, Orne), mais nourri au lait anarchiste de la butte Montmartre, si sa peinture rutile de sensualité flamande et si ses pastels restituent jusqu’aux perles de rosée, ses caricatures sont impitoyables et ses sculptures foudroient.
Regardez mieux. Le caricaturiste a éclipsé le peintre. Le peintre, le maître queue. Léandre mitonne ses jus, monte les sauces de ses fonds avec la jubilation d’un chef aux fourneaux. Ses couleurs sont du beurre. Normand, s’entend. Ses pastels crémeux à souhait évoquent des œufs battus en neige…
Lui, se contentait de confier dans une lettre de 1899, à une « Demoiselle » et « Amie » :
Mes villageois de Champsecret ne s’inquiètent pas de ce que je fais. Ce qui leur importe, c’est ma mine rubiconde, mon embonpoint qu’ils admirent ! Je puis faire de mauvais dessins ou de vilains pastels, ça ne les regarde pas ! Il faut que je sois le bon gros bourgeois qui se nourrit bien…
Puis dans une seconde lettre :
J’aimerais beaucoup aller à la chasse, moi, mais il faut s’en passer et peindre toujours sans trêve…